DOROTHY IANNONE

“Lorsque je vivais en France, en 1975, j’ai réalisé une cassette audio en chantant quelques lignes d’une célèbre chanson allemande: Wenn keiner treu Dir bliebe, ich bleib Dir ewig grün, Du meine alte Liebe, Berlin bleibt doch Berlin. [Si personne ne te restait fidèle, je resterai éternellement vert pour toi, toi mon vieil amour, Berlin reste quand même Berlin]. Peut-être avais-je cette chanson en tête parce que je venais d’apprendre que j’avais obtenu une bourse d’artiste du DAAD pour l’année suivante. J’étais seule à la maison ce soir-là et, après avoir peint plusieurs heures durant, j’ai décidé que puisque j’avais encore beaucoup d’énergie, j’allais enregistrer une cassette audio. Et ainsi, j’ai installé mon matériel de base sur le sol, à côté de mon lit. Je n’avais pas de plan particulier lorsque j’ai commencé à chanter, mais pour l’une ou l’autre raison, j’ai commencé à me caresser à mesure que j’avançais. C’était intéressant de voir de quelle manière ma voix changeait en fonction de mes sensations. Cependant, malgré ce que je ressentais, la discipline consistait à continuer à chanter les quatre mêmes lignes. La voix elle-même exprimait les phases de l’excitation sexuelle. Peu avant l’orgasme, j’étais presque totalement essoufflée et je pouvais à peine continuer à répéter les lignes entre deux halètements, et puis soudain, lorsque l’orgasme a commencé, ma voix est devenue réellement forte et bruyante, s’élançant dans les airs pendant quelques instants avant de s’apaiser alors que je suis parvenue à très doucement achever de chanter les dernières lignes.”

Texte figurant au dos de la pochette du vinyle original

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